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Libéralisation du marché de lélectricité
Deux ordonnances en consultation
Accès au réseau de transport et rétribution du courant dorigine renouvelable: le Conseil fédéral engage une procédure de consultation sur deux projets dordonnances qui sinscrivent dans le cadre de la libéralisation du marché.
L'ordonnance sur l'approvisionnement en électricité précise les conditions daccès au réseau et de rétribution de son utilisation. Dans un premier temps, les clients dont la consommation annuelle est supérieure à 100 mégawattheures pourront accéder au marché, autrement dit choisir librement leur fournisseur. Ce faisant, ils libéreront le distributeur régional de lobligation légale de les approvisionner.
Le futur régulateur du marché, la Commission de l'électricité (ElCom), aura pour mission de sassurer que les tarifs daccès au réseau et de distribution aux clients soient équitables. Le cas échéant, elle
pourra imposer des compensations aux entreprises électriques. Le projet d'ordonnance se borne à définir les principes fondamentaux. Les détails techniques et administratifs seront réglés par les gestionnaires de réseau selon le principe de subsidiarité.
L'ordonnance sur l'énergie fixe les taux de rétribution de l'électricité produite à partir de sources renouvelables par type d'installation. Cette rétribution devra inclure en principe un montant de compensation pour la plus-value écologique. Les producteurs seront toutefois libres de renoncer à cette forme de rétribution directe et de vendre leur électricité sur le marché.
Ces ordonnances entreront en vigueur dès le 1er janvier 2008. A commencer par les dispositions sur la sécurité de l'approvisionnement et les exigences renforcées soumises aux lampes domestiques. Pour des raisons techniques, il ne sera toutefois pas possible de mettre immédiatement en vigueur le droit d'accès au réseau et la rétribution à prix coûtant de l'électricité produite à partir de sources renouvelables. Ni le modèle de groupe-bilan requis à cette fin, ni les processus d'information et de gestion des données ne seront opérationnels dici là. Ces dispositions ne devraient entrer en vigueur que le 1er octobre 2008.
Menaces sur les équilibres alimentaires
Les biocarburants en question
Les caprices de la météo et la croissance des surfaces cultivées dédiées aux biocarburants font flamber les cours du blé et craindre des déséquilibres alimentaires mondiaux. La FAO tire le signal dalarme.
La production céréalière mondiale de 2007 est en bonne voie pour atteindre un niveau record de 2095 milliards de tonnes, soit une hausse de 4,8% par rapport à 2006, daprès lestimation de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), publiée en mai dernier. Un chiffre en trompe-l'oeil, puisque la production de certaines céréales, à commencer par le blé, serait insuffisante pour répondre à une demande en forte hausse.
Aux gels du mois d'avril ont succédé de très fortes précipitations aux Etats-Unis. En Europe de l'Est, c'est la sécheresse qui menace les récoltes. Conséquence: les cours atteignent des sommets historiques sur toutes les places boursières, et les récoltes ne suffiront pas à répondre au besoin. Cest ce que viennent dannoncer conjointement le Conseil international des Céréales (CIC) et le département américain de l'Agriculture. Le déficit serait actuellement de 3 millions de tonnes de blé.
La météo n'est pas seule en cause. Le FAO pointe du doigt les profondes mutations agricoles exercées par le marché des biocarburants. La culture du maïs représente aujourd'hui près de 70% de la production céréalière. Destiné au marché des biocarburants, le maïs est nettement plus rentable que le blé et incite les agriculteurs à lui consacrer davantage de surface.
Le hausse des prix du blé, et d'autres céréales comme le riz, devrait se poursuivre jusqu'à atteindre 40%, voire 100% en 2007, selon la Banque mondiale. Le FAO craint une augmentation de la facture des importations céréalières des pays à faible revenu et à déficit vivrier dun quart environ durant la campagne en cours.
Si laugmentation des prix du blé naurait dans un premier temps que peu dincidence pour les pays riches, les experts de la Banque mondiale estiment qu'une hausse de 40% du prix des céréales pourrait faire chuter 20% de la population dun pays comme le Nicaragua dans l'extrême pauvreté.
Coup de froid entre Moscou et lUE
Conséquences énergétiques?
Les relents de guerre froide qui imprègnent désormais les relations entre lUnion européenne et le Kremlin ne sont pas sans importance pour la Suisse. Car la Russie dispose de cartes majeures dans lapprovisionnement énergétique actuel, et surtout futur, du continent. Que sest-il passé, les 17 et 18 mai derniers à Samara?
L'élection de Nicolas Sarkozy représente un renforcement du camp néo-conservateur dans la vie politique européenne, ouvrant la voie à la création d'un front des principaux pays européens contre la Russie. On en a eu les prémisses lors du récent sommet UE-Russie.
La défaite électorale du chancelier allemand Gerhard Schröder avait privé Vladimir Poutine d'un ami politique fiable en Europe occidentale, et le départ de Jacques Chirac lui en enlève un autre. Après sa première réunion officielle avec la chancelière Merkel, présidente de l'Union européenne, le 16 mai, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'à chaque fois qu'il pense à la Russie, il se rappelle la guerre de Tchétchénie.
Cette attitude pour le moins provocatrice a donné le ton au sommet du lendemain. Angela Merkel a attaqué Vladimir Poutine pour avoir empêché le champion déchecs Gary Kasparov de se rendre à Samara en vue de manifester contre le Président russe. Et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso en remettait une couche en signifiant à Poutine que s'il voulait de meilleures relations avec l'Union eu-ropéenne, il devait admettre certains «principes de solidarité».
Histoire de viande
En clair, cela veut dire accepter le fait que lUnion ait soutenu la récente décision estonienne de déplacer le monument au soldat soviétique du centre de Tallinn, ainsi que la propagande virulemment anti-russe du gouvernement de Varsovie, motivée par l'interdiction des importations de viande polonaise.
Vladimir Poutine a rétorqué en accusant les Polonais d'avoir évité depuis un an les entretiens officiels sur l'embargo sur la viande auxquels les avait invités la Russie. Avec l'ironie qu'on lui connaît, il s'est félicité d'avoir, enfin, en la personne de la chancelière Merkel, un «représentant des intérêts polo-nais avec qui discuter».
A J.M. Barroso, il a demandé que diable ve-nait faire cette histoire de viande dans les propositions de Moscou sur la relance de la coopération russo-européenne dans le domaine spatial. A Angela Merkel, il a fait remarquer que l'ar-restation de protestataires se produit dans tous les pays du monde. Et de citer lexemple de
l'Allemagne, où 146 personnes avaient été arrêtées deux semaines plus tôt dans le cadre de manifes-tations contre le sommet du G-8.
«Certes, dit Poutine, on comprend qu'il est plus difficile de gé-rer l'Union européenne désormais élargie avec ses nouveaux membres de l'Est». Or son pays se réserve le même droit que celui réclamé par les nations européennes, soit de protéger l'intérêt national. C'est pourquoi la Russie ne ratifiera pas la Charte de lénergie avec l'UE, car la dérégulation prévue par les Européens constitue une menace pour les intérêts des citoyens et des entreprises énergétiques russes.
Agenda épuré
Pour rendre possible le sommet de Samara, on a dû en-lever de l'agenda d'autres sujets controversés, comme l'inten-tion polonaise d'héberger un système américain de missiles de défense à proximité du territoire russe, ou le refus de la plu-part des Etats membres de l'UE de permettre aux banques et aux entreprises russes d'acquérir des parts dans leurs homo-logues occidentales -- alors quon reproche à la Russie de ne pas ouvrir ses industries et ses banques aux investisseurs étrangers.
Cest de fait à Londres, où se sont réfugiés des oligarques déchus et autres opposants, tel le sulfureux Boris Berezovski, quest basé le front anti-Poutine. En activant des membres de lUE contre Moscou, tout en restant lui-même en retrait, le gouvernement britannique ne fait quappliquer le principe du «diviser pour régner» qui lui a si bien réussi au cours de lHistoire. Tel est lavis de lagence dinformation américaine EIR, qui estime que cette hostilité croissante pourrait rapidement conduire les Russes à réorienter leur politique énergétique vers lEst. Dautant plus que la Chine, lInde et le Japon, entre autres, sont demandeurs.
Rédaction: Jean-Pierre Bommer
Sources: IEIR, AFP, Ouest-France, Ofen, FRE
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