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Mars 1991
Après la votation
du 23 septembre

Au lendemain
de la votation du 23 septembre, M. Adolf Ogi invitait
pro et antinucléaires à sortir des tranchées.
"Il faut, leur dit-il, faire
la paix de l'énergie". Les uns et
les autres reconnurent que c'était une bonne
idée à laquelle ils entendaient faire
leur part. Que s'est-il passé depuis lors? Une
nouvelle attaque contre Mühleberg, la réapparition
de Tchernobyl dans les médias et le lancement
d'une sixième initiative qui devrait permettre
à la Suisse de se passer à terme de l'énergie
nucléaire...
Il faut être clair: la votation du 23 septembre
a porté un coup très dur à l'énergie
nucléaire dans notre pays. Les partisans des
initiatives ont mené une campagne exemplaire,
basée sur la répétition systématique
des messages de peur et de dénigrement. Quatre
années d'exploitation continue du filon de Tchernobyl,
mise en place de puissants réseaux d'influence
dans les médias, dans les administrations et
au plus haut niveau politique, moyens financiers considérables:
la machine de guerre antinucléaire a parfaitement
fonctionné.
Doit-on dès lors s'étonner qu'ils reviennent
à la charge avec une nouvelle initiative? Pour
en saisir les causes réelles, il faut situer
cet acharnement dans un cadre plus large. Le mouvement
antinucléaire poursuit une stratégie à
l'échelle mondiale. L'Europe, grande consommatrice
d'énergie, constitue la cible prioritaire. Suède,
Autriche, Pays-Bas, Italie, Belgique, Yougoslavie, Suisse:
le développement du nucléaire est enrayé,
pays après pays.
Les attaques se concentrent désormais sur les
deux forteresses de l'atome: la France et le Japon.
On y applique les bonnes vieilles recettes de harcèlement
éprouvées ailleurs. A l'exemple de ce
récent reportage diffusé par le journal
de TF1 sur le plasticage d'un pylône électrique
dans les environs d'une centrale nucléaire française.
On y projeta, brièvement et sans aucune explication,
la fameuse annonce produite par un publicitaire lausannois
avec la tête de mort assortie du commentaire:
"Si Tchernobyl vous a fait rire, ne manquez pas
Creys-Malville". Les spécialistes de la
communication parlent à ce propos de "conditionnement
subliminal"...
Le problème réside moins dans les risques
réels ou supposés des différentes
formes d'énergie que dans la méconnaissance
du public. Or la campagne précédant le
23 septembre a confirmé que l'énergie
en général et le nucléaire en particulier
étaient une zone sinistrée de l'information
du public.
Il n'est pratiquement pas un seul organe de presse qui
ait fourni une information factuelle sur ce qu'est le
nucléaire, sur ses avantages et ses inconvénients
réels, sur le fonctionnement d'une centrale,
sur la radioactivité. Ils n'ont publié
que des opinions, en majorité négatives,
et ont largement relayé toutes les opérations
de désinformation des partisans des initiatives.
Il y a près de vingt ans que la controverse se
poursuit dans notre pays. Et pourtant, dans son écrasante
majorité, le public ne sait toujours pas ce qu'est
l'énergie nucléaire.
Nous vivons à cet égard une situation
réellement dramatique, qui n'est guère
susceptible de changer dans des délais prévisibles.
Un espoir subsiste toutefois dans l'émergence
d'une nouvelle génération de journalistes
plus ouverts au progrès technologique.
Soyons réalistes: l'atome a été
mis entre parenthèses dans notre pays. Tout revirement
significatif ne pourra, dans un laps de temps prévisible,
que résulter d'événements extérieurs:
percée du nucléaire dans le monde, détérioration
rapide de la situation climatique (CO2) ou écologique
(pollution), avènement d'une nouvelle génération
de réacteurs, crise pétrolière,
pénurie d'électricité.
Or une analyse sérieuse des problèmes
énergétiques démontre très
clairement que le nucléaire est incontournable
pour satisfaire les besoins futurs à l'échelle
mondiale, à moins de s'en remettre complètement
aux agents fossiles. Il y aura donc tôt ou tard
un retour du balancier.
La Fédération romande pour l'énergie
entend préparer l'opinion en vue d'une telle
échéance. Elle le fera en proposant notamment,
à tous ceux qui la souhaitent, une information
sérieuse, objective et dépassionnée.
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