Promotion des énergies renouvelables en Europe : quelles tendances ?

Dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050, le Conseil fédéral et le Parlement souhaitent s’orienter vers les énergies renouvelables et sortir du nucléaire. Nos pays voisins connaissent également une accélération, avec des résultats contrastés.

La production d’électricité en Allemagne est aujourd’hui fortement marquée par les agents énergétiques fossiles, en particulier le lignite (plus de 50%, voir tableau 1). Bien que les énergies renouvelables – notamment les énergies éolienne et solaire – aient considérablement augmenté ces dernières années, la part d’électricité la plus polluante issue du charbon n’est pas retombée, bien au contraire. Le vent, le soleil et la biomasse fournissent plus d’un quart de la production totale d’électricité. Ils remplacent toutefois en priorité les centrales nucléaires, qui doivent toutes fermer d’ici à 2022. De plus, les nouvelles énergies renouvelables exigent, en raison du caractère irrégulier de leur production électrique, de disposer de centrales thermiques fossiles comme centrales de base et de charge moyenne.

L’Allemagne fait face à un grand défi : le coût élevé du tournant énergétique pour les consommateurs d’électricité. Avec environ 30 centimes par kilowattheure, ils paient près de deux fois plus que la moyenne européenne. Seul le Danemark devance l’Allemagne. Ceci est principalement dû aux subventions allouées aux nouvelles énergies renouvelables. Ainsi, les exploitants allemands perçoivent des rétributions à l’injection de courant d’un montant de 25 milliards d’euros par an. De plus, ces subventions sont garanties pendant 20 ans. Sigmar Gabriel, le ministre allemand de l’économie, a réagi à cette situation en réformant la Loi sur les énergies renouvelables (EEG). Le montant des aides accordées par cette loi aux différentes technologies n’est dorénavant plus fixé par l’Etat, mais par le biais d’appels d’offres annuels sur le marché. Cela ne s’applique toutefois qu’aux nouvelles quantités d’énergie. L’Allemagne restera donc prise au piège des subventions pour des décennies.

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France : le maintien du parc nucléaire prioritaire

La France connaît une situation différente. Le pays possède la part d’électricité d’origine nucléaire la plus élevée au monde, à savoir plus de 75%. L’énergie hydraulique contribue à hauteur de 13% environ à la production électrique. Les nouvelles énergies renouvelables ne représentent actuellement qu’environ 4%, malgré le potentiel élevé de l’énergie éolienne. En juillet 2015, l’Assemblée nationale a adopté la loi sur la «transition énergétique», version française du tournant énergétique. Contrairement à l’Allemagne, une sortie du nucléaire n’est pas à l’ordre du jour en France. La part de l’électricité issue de l’énergie nucléaire doit cependant passer, en dix ans, de 75 à 50%. Jusqu’à 20 centrales devraient fermer. En 2030, 40% de l’électricité devront également provenir de sources renouvelables.

Pour la France, il va donc s’agir en premier lieu de maintenir le parc de centrales nucléaires. Le dernier réacteur neuf (Civaux-2) a été raccordé au réseau en 1999. Depuis 2007, un réacteur de troisième génération (EPR, European Pressurized Water Reactor) est certes en construction à Flamanville, mais il n’est toujours pas achevé. En avril 2016, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a en effet constaté des anomalies dans l’acier de la cuve du réacteur. La mise en service prévue initialement pour 2012 devrait donc encore être retardée.

Italie : développer les énergies renouvelables pour diminuer la dépendance au gaz naturel

En Italie, plus de la moitié de la production nationale d’électricité est issue d’agents énergétiques fossiles, en particulier du gaz naturel, qui représente plus d’un tiers de la production d’électricité. La grande hydraulique est largement épuisée. Les importations d’électricité sont très importantes. En outre, en 2011, la population s’est exprimée contre la relance du nucléaire lors d’un référendum, encourageant ainsi les nouvelles énergies renouvelables. Récemment, l’Etat a ouvert la voie, par le biais d’amendements, à l’exploitation de l’ensemble des subventions prévues d’un montant de 5,8 milliards d’euros et de nouvelles mesures d’encouragement des énergies renouvelables ont également été promises. Le photovoltaïque tire son épingle du jeu, avec une part d’environ 8% dans la production électrique, ce qui place l’Italie en tête au niveau mondial dans ce secteur.

La forte dépendance du gaz naturel constitue le principal problème de l’Italie. La stratégie énergétique nationale a pour objectifs de développer les énergies renouvelables et de diminuer la dépendance au gaz naturel, mais aussi de moderniser les centrales conventionnelles.

Autriche : vers une augmentation de la part de nouvelles énergies renouvelables

L’Autriche est le pays qui se rapproche le plus de la Suisse. Avec plus de 60%, la force hydraulique représente ici aussi l’épine dorsale de l’approvisionnement en électricité. L’énergie éolienne couvre une part des besoins en électricité en constante augmentation. Au total, fin 2014, le pays comptait déjà plus de 1000 éoliennes en service, qui couvraient environ 8% des besoins autrichiens en électricité. Dès 2007, l’Autriche avait instauré le Fonds pour le climat et l’énergie et a versé depuis près d’un milliard d’euros de subventions.

En raison de la législation autrichienne (Loi de non-utilisation de l’énergie nucléaire (Atomsperrgesetz) de 1978, intégrée à la Constitution en 1999), l’Autriche ne possède toutefois aucune centrale nucléaire. De ce fait, la part de centrales thermiques fossiles en Autriche est élevée. Les centrales au charbon couvrent plus de 10% de la consommation électrique domestique tandis que les centrales à gaz contribuent à la production nationale d’électricité à hauteur de 15 à 20%, suivant les fluctuations de la production. L’Autriche poursuit résolument son chemin dans le but d’augmenter la part des nouvelles énergies renouvelables dans la production d’électricité et de réduire la consommation d’agents énergétiques fossiles. Cette politique énergétique bénéficie d’un grand soutien au sein de la population.

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L’importation indispensable au mix électrique suisse à moyen terme

Tous les pays investissent dans les nouvelles énergies renouvelables à l’aide de subventions publiques. L’Allemagne, l’Autriche et l’Italie sont nettement en avance par rapport à la France et à la Suisse. Mais en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre dues à la production d’électricité, la France et la Suisse (voir tableau 2) surclassent nettement les autres pays grâce à leur mix électrique composé d’énergies hydraulique et nucléaire. Cela va cependant évoluer avec la sortie du nucléaire en Suisse et aboutir, à moyen terme, à une augmentation de l’importation d’électricité.

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